Mensonge sur feuille chiffonnée.

Mardi 3 septembre 1974~ 15h

J'écris tout simplement, je chiffonne et le papier finit instantanément dans la poubelle. Il n'y aura jamais rien de plus passionant -noter le sarcasme- qu'un long et pénible cours sur l'Arithmancie. Qui est le con qui a choisi cette matière stupide a instauré sur mon horaire? Finalement j'aurais peut-être dû lire les différents choix de cours qui étaient proposés avant de coché nimporte quoi.

Pour combler mon ennui, je décide d'écrire, et si par hasard des yeux insouciants tenteraient veinement de lire par dessus mes épaules, ce serait bien la dernière chose que leurs yeux pourraient perçevoir de toute leur existence. Suis-je machiavélique au point de les tremper dans de l'acide sulfurique et d'ensuite les dévorer pleinement sous le regard des autres élèves comme pour leur offrir une mise en garde? Oh que si je le suis.

Je décide donc de gribouiller encore et toujours des mots, des têtes de morts, ou simplement des petits x afin de faire passer le temps, et si jamais cet enseignant infâme osait élever la voix sur le pourquoi de mon indifférence à ce cours, jamais je n'ai eu autant d'arguments que aujourd'hui pour m'expliquer même quand je suis dans le tort.

En fait ce que je fais en classe c'est un peu comme un journal intime non? J'y écris, j'y défoule ma frustration, mon ennui et plusieurs autres sentiments, à la différence que je ne conserve jamais ces feuilles, elles ne préservent que les mauvais souvenirs - et des mauvais souvenirs, j'en ai déjà une bonne dose.-

Alors j'amplifie encore plus ma plume sur le papier qui était parfaitement blanc au préalable, j'intensifie la quantité d'encre dans les têtes de mortes que je m'amuse à dessiner. Comme pour faire sortir la rage qui sommeille en moi, comme pour chasser ces mauvais souvenirs qui attendent toujours le moment propice pour venir hanter et ainsi me ravager.

Colère~Frustration~Désespoir~Colère~Frustration~Désespoir...

Et ça n'en finit plus... j'ai besoin de me défouler sur quelqu'un actuellement. Passer ma propre frustration sur les autres est un passe-temps quotidien, ce qui fait que les gens me fuient maintenant. Sauf les filles qui ne peuvent s'empêcher de rester ancrées à mon regard qui les persécute et les enveloppe dans un monde sans pitié, où elles sont toutes les mêmes -purement naïves soit-dit-en passant-. Je pense que depuis Heike, jamais je n'ai vraiment éprouvé un sentiment sincère du côté amoureux, mais je cache bien mon jeu à ces jeunes demoiselles.

Plutôt que de penser à tout et à rien, concentrons nous sur ce cours...

Voici ce que se dirait une toute autre personne, mais malheureusement, moi je suis incapable de me résigner de cette manière.

Plus qu'une heure avant la fin de ce cours débile, ou bien devrais-je plutôt dire encore une heure avant que notre souffrance se termine.

Alors autant continuer à gribouiller que m'ennuyer...