Problèmes de sommeil

[Dimanche 15 Septembre 1974 - 6H37 AM]

J'ai eu énormément de mal à dormir cette nuit. Comment peut-on trouver le sommeil lorsque vous avez des camarades de chambre qui ronflent, d'autres qui discutent comme s'ils étaient aux Trois Balais, d'autres qui allument et éteignent les lumières sans cesse... Les seuls qui ne m'ont pas dérangée cette nuit-là sont ceux que je n'ai même pas vu rentrer pour se coucher.
Je me suis endormie vers trois heures du matin. Heureusement que le lendemain -aujourd'hui- on était dimanche. Sinon, j'aurais sûrement explosé. Implosé, pour mieux dire.

Mais vers cinq heures les bruits ont recommencé, des gloussements se firent entendre et là j'en ai eu ma claque : je suis sortie des dortoirs, sans même prendre la peine de me changer. Mon pyjama n'est pas ridicule, de toute façon.
Sans savoir vraiment où aller, j'arpente les couloirs d'Hogwarts à pas lents. Il est si calme et si vide... C'est si... paisible. J'ai l'impression d'être seule sur Terre ; c'est un sentiment qui ne me déplaît pas.

Mes yeux dérivent sur le seuil de la Grande Salle. Je sais bien qu'il n'y a personne, alors je rentre, espérant ne pas tomber cependant sur un professeur ou sur Rusard, ça risquerait de m'attirer des ennuis et nuire à mon bulletin de notes. Hors de question. C'est tout ce que j'ai, ici, à Hogwarts.

J'ouvre grand les portes et balaye la pièce du regard. Vide. Pour la première fois depuis la rentrée, un sourire vient se dessiner sur mes lèvres. Je m'avance vers la table la plus proche et m'y asseois.
Je pose doucement mes coudes sur le meuble et y repose ma tête.
Il ne me manquerait plus qu'un bon bouquin pour...
Pour...
Trop tard, me voilà au chaud dans les bras de Morphée.

Je descends les escaliers de la tour, espérant trouver l'intrus quelque part en bas. Personne. J'ai perdu sa trace. J'arpente les couloirs du cinquième étage, pour me rendre finalement dans la grande salle aux escaliers tournant. Étonnement, quelques étages plus bas, se trouve la silhouette. Elle se dirige vers la grande sale. Attentif à chaque petit bruit, je descends les escaliers, suivant ma proie des yeux, jusqu'à ce que j'arrive devant les grandes portes de la Grande salle. Après avoir attendu quelques minutes, question de subtilité, j'entrouvre la grande et lourde porte de la salle.

La silhouette est assise à l'une des quatre tables –je vous laisse deviner laquelle. La place est sombre, et tout ce qui est source de lumière se résume au petit feu dans le foyer du mur de droite et au faux ciel étoilé. Je marche tranquillement jusqu'à la rencontre de ladite personne, regardant de droite à gauche pour être bien sur de ne pas avoir été suivi. Je prends place à ses côtés, gardant toutefois une distance respectable avec la personne.

À bien y pensé, je la reconnais. Cette fille (parce que c'est une fille) est assise à côté de moi dans la majorité de mes cours. Elle se dénomme Indie McWright. Jeune fille attachante qui pourtant, après un salut et un sourire anodin vous laisse pourrir là avec vous-même.

Après avoir soupiré longuement quant à l'identité de la demoiselle, je tente un salut hasardeux, mais n'ai aucune réponse. Après avoir attendu quelques secondes, je passe, cette fois, lentement une main sous ses yeux. Encore là, aucune réaction.

Je regarde une dernière fois aux alentours, puis, délicatement, je dépose une main sur le dos de cette McWright.

"He..."

Je ne sais pas ce qui m'a pris de venir ici. Ah oui, sûrement à cause du supposé silence. Je me suis trompée comme jamais.
J'entends quelqu'un entrer dans la pièce. Loin de moi l'idée de bouger d'un pouce, même si j'ignore qui cela peut bien être. Et si c'était Rusard, ou pire, un professeur ?
Une légère salutation me fait dire que c'en est pas un. Aucun professeur ne viendrait me dire bonjour comme ça...

Je ne lui réponds pas. C'est la voix d'Al'Than.
Un long silence s'installe entre nous, tandis que doucement, je lève la tête. Mes yeux me piquent, je suppose qu'ils sont rouges comme le bonnet du Père Noël.
Bien qu'à contre-coeur, je lui lance un regard, qui lui demande clairement s'il n'y a pas un endroit dans tout Hogwarts où on pourrait avoir un peu de calme.
Sa main sur mon dos me dérange. A-t-il pitié de moi ?
Je prends doucement une inspiration, et entre-ouvre les lèvres, comme pour dire quelque chose. Mon air lâs ne doit pas lui faire beaucoup d'effet.

« Quoi ? » je demande.

Et pourquoi est-il ici ? Peut-être a-t-il aussi eu du mal à dormir, comme moi. Mais ce n'est pas une raison pour venir me gêner. Il m'aurait vraiment comprise, il ne serait pas venu.
Ne peut-il pas simplement me laisser tranquille ? J'aimerais reprendre mes heures perdues de sommeil. J'ai du retard.

J'étouffe un bâillement, puis tourne mes pupilles vers la petite cheminée, unique source de lumière de la pièce.
Je laisse mes yeux suivre les mouvements des flammes...